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Bonjour J***, F***, S*** et S***,

Je vous prie tout d'abord de bien vouloir m'excuser d'avoir quitté la séance de travail de dimanche avant sa fin réelle : il était l'heure pour moi de prendre le relais auprès de ma fille, son papa ayant lui aussi des activités de plaisir le week-end.

J'aurais préféré rester jusqu'à la fin, honnêtement non pas pour poursuivre la danse car je n'avais alors plus de ressources. Mais dans l'espoir que vous mettiez des mots réconfortants sur ce que j'avais vécu et que d'autres peut-être avaient également vécu, à savoir un grand sentiment de découragement.

J'ai rejoint le projet "B*** une ville qui danse" en premier lieu parce que j'avais une furieuse envie de retrouver le chemin du mouvement, de l'expression et du plaisir après une grossesse, une première maternité et un retour d'expatriation.

Ma seconde motivation était de créer des liens avec les habitants de cette ville nouvelle pour moi, étant donné que nous sommes installés ici depuis 6 mois.

Malgré la fatigue, la douleur et la difficulté, j'ai aimé redanser samedi, dimanche aussi. J'ai même réussi à lâcher beaucoup plus qu'à mon habitude, à accepter de ne pas réussir tout de suite, à essayer, réessayer, reprendre où je pouvais, m'appuyer sur ce que je réussissais, retrouvais. Je me suis focalisée sur le plaisir du mouvement et de la danse.
J'ai réussi à encaisser aussi, les douleurs, mes limites, les trous de mémoire, les éléments que je ne comprenais pas. Je sais que ça fait partie du travail.

Mais dimanche lorsque j'ai vu qu'il était 13 heures et que j'allais remettre en question notre organisation familiale et le rythme de mon bébé si je continuais, mais qu'en même temps j’allais partir à un moment de grand découragement où nous reprenions tout et que je ne me rappelais pratiquement de rien, j'ai senti qu'il y avait un gros problème. Et une fois la porte du théâtre poussée, j'ai fondu en larmes : je sentais un immense fossé entre là où j'en étais et là où il fallait que j'aille, et j'étais seule face à ce fossé, qui en plus résonne très fort avec ma vie professionnelle...

Je suis venue rejoindre ce projet pour du plaisir, de la rencontre et de la beauté.
Je suis repartie avec un vertige d'incapacité et une grande solitude.

Bon, tout ça ne colle pas quoi.

Cependant je sais que ce n'est pas rédhibitoire, et c'est tout l'objet de mon message. Je sais qu'il y a des réglages possibles.


Personnellement, ce dont j'aurais besoin, comme dans toute situation d'apprentissage, c'est de me sentir en sécurité pour pouvoir aller au-delà de mes limites et poursuivre le projet. Et pour se sentir en sécurité, il faut du cadre.


J'entends par là d'abord être sûre que si je m'engage de 15h à 18h, ou de 10h à 13h, on ne va pas déborder. J'ai ma fille à gérer, j'imagine que d'autres ont leurs études, leur travail, leur famille, leurs engagements.

Ensuite m'est revenue en tête l'image de la pause de dimanche. Je crois que j'aurais aimé que l'on profite de ce temps de pause pour permettre de créer du lien. Pour mettre des mots sur notre vécu de ce qui nous rassemble : le projet, et pour apprendre à se connaître.
Personnellement je suis venue seule à ce projet. D'autres viennent en groupe, se connaissent déjà et ne ressentent pas le besoin de s'ouvrir aux autres, ce que je comprends. Dimanche je n'avais plus assez d'énergie pour aller vers l'autre, j'aurais eu besoin d'un coup de pouce.

Je crois que si les initiateurs du projet ne garantissent pas des dispositifs pour que les individus apprennent à se découvrir, cela se fera (ou pas) dans la superficialité, au détriment des plus isolés.

J'ai entendu dimanche que déjà certaines avaient arrêté samedi soir, qu'elles n'étaient pas revenues. Je les imagine chez elles avec leur frustration de n'avoir pas pu suivre, de ne pas avoir pu faire autre chose qu'abandonner. Selon les vies de chacune, ça peut être soit anodin, soit catastrophique. Je ne veux pas être complice de cela, je voudrais pouvoir tendre la main avant qu'il ne soit trop tard, mais c'est difficile si je n'ai pas construit de lien avec l'autre.

Pour poursuivre l'aventure, j'ai besoin de savoir si vous êtes en capacité de nous donner ce cadre-là. Je ne pense pas pour le moment être capable moi, de prendre le risque de me coltiner à nouveau toute cette douleur.

Je vous remercie de votre attention,

Bien cordialement,

Tag(s) : #En route vers l'autre
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